Des question de Samuel et Léo…

Max : « Bonjour à tous ! Enlevez vos blousons, asseyez-vous et sortez vos affaires. »

Samuel et Léo : « Bonjour monsieur Max. »

Max : « Bonjour mes petits. Léo, à la fin de la séance précédente tu avais une question il me semble. »

Léo : « Oui monsieur Max. »

Samuel : « Moi aussi monsieur Max ! »

Max : « D’accord 🙂 Nous allons commencer par celle de Léo si tu veux bien Samuel. »

Samuel : « Bien sûr que je veux bien. Léo, nous t’écoutons ! »

Léo : « Je ne sais pas bien comment dire… Dans les réactions immunitaires lentes et spécifiques, il y a toujours une mémoire : des lymphocytes T mémoires et des lymphocytes B mémoires. Cette mémoire fait que suite à une infection, si on guérit bien entendu, on ne tombe plus malade. Et puis, ce qui provoque la réaction immunitaire ce n’est qu’une molécule étrangère. C’est un antigène qui provoque les réactions. Je me demandais si on ne pouvait pas utiliser cela pour provoquer une mémoire immunitaire. Je ne sais pas bien comment… Imaginons qu’on puisse découper un virus en petits morceaux qui portent des antigènes. Ces morceaux ne seront pas dangereux. Mais si on les injecte dans une personne, elle devrait réagir, activer les bons lymphocytes T par exemple et il y aurait des lymphocytes T mémoires. Ensuite la personne ne pourrait plus tomber malade. »

Max : « Léo, tu viens de ré-inventer la vaccination 🙂 »

Léo : « C’est vrai ? C’est comme ça que fonctionnent les vaccins ? »

Max : « Oui Léo. C’est le principe de la vaccination. Prenons par exemple les maladies infantiles comme la rubéole, les oreillons ou la rougeole. Ce sont des maladies provoquées par des virus qui peuvent être très dangereuses et même mortelles. C’est plus sage de vacciner. Comment fait-on ? Comme tu l’as dit Léo. On découpe un virus en prenant bien soin de détruire son information génétique. Les petits morceaux contiennent les antigènes. Suite à l’injection, le corps réagit. Les lymphocytes T sont activés. Ils ne trouvent aucune cellule à détruire mais ce n’est pas grave. Par contre le corps a produit des lymphocytes T mémoires contre ces maladies. Si l’enfant est exposé à l’un ou l’autre de ces virus son système immunitaire réagit rapidement et il ne développe pas la maladie. »

Samuel : « Tu es trop fort Léo ! Tu as inventé la vaccination ! »

Léo : « Ça existait déjà depuis Louis Pasteur ! »

Max : « Léo, tu commets là une erreur fréquente. L’invention de la vaccination est à tort attribuée à Louis Pasteur (1822-1895). Elle devrait l’être à Edward Jenner (1749-1823). »

Léo : « Pourtant je croyais ! »

Max : « Comme beaucoup de monde. Je vous raconte l’histoire. Nous sommes donc à la toute fin du 18ème siècle en Angleterre. Une maladie fait des ravages. Il s’agit de la variole ou petit vérole. Pour faire simple je dirais que 60% de la population européenne était touchée et 20 % de la population en mourrait. »

Samuel : « Ah oui ! Quand même ! »

Max : « Je vous déconseille de chercher des images d’individus atteints… La variole est provoquée par un virus de la famille des poxvirus. Jenner a remarqué que les femmes qui passaient leurs journées à traire les vaches n’étaient presque pas  touchées par la variole. Or, il se trouve que les vaches peuvent avoir une maladie appelée vaccine qui est provoquée par un virus proche de la celui de la variole mais moins virulent, moins dangereux. »

Léo : « La vaccine ? »

Max : « Oui Léo 🙂 Jenner se dit un jour que ces femmes devaient avoir développé une résistance à la variole grâce à leur exposition à la vaccine. Ces femmes développaient bien quelques abcès sur leurs mains au début de leur carrière mais cela s’arrêtait là. Un jour, Jenner essaya d’inoculer un peu du pus de ces abcès à une jeune garçon. Plus tard, il lui injecta du pus venant d’abcès venant de personne atteinte de la variole. Il ne développa pas la maladie. »

Samuel : « Il avait été vacciné ! »

Max : « Oui 🙂 Grâce au virus de la vaccine 🙂 Jusque là on injectait du pus provenant d’abcès de personnes atteinte de la variole elle-même. On parlait de variolisation. Mais ce processus était dangereux. La vaccination l’était moins. »

Léo : « C’est donc Edward Jenner qui a inventé la vaccination ! Et non pas Louis Pasteur ! »

Max : « Ce n’est pas Jenner non plus 🙂 »

Léo : « Mais c’est vous qui venez de le dire monsieur Max ! »

Max : « J’allais encore remonter dans le temps. Une vingtaine d’années plus tôt. Vers… 1774 il me semble. Un agriculteur, Benjamin Jetsy avait également remarqué que les trayeuses n’étaient pas touchées par la variole. Lors d’un épisode épidémique plus fort qu’à l’accoutumée, il décida de protéger sa femme et son fils en leur injectant sous la peau un peu de pus de vaccine. »

Samuel : « Il a fait ça ? »

Max : « Oui. Belle intuition n’est-ce pas ? »

Léo : « Je ne sais pas si c’est courageux ou complètement idiot… »

Max : « Ne sois pas si sévère Léo. »

Samuel : « Alors pourquoi dites-vous que c’est Jenner l’inventeur de la vaccination ? »

Max : « Jetsy ne comprenait pas réellement ce qu’il faisait. J’ai bien parlé d’intuition. La démarche de Jenner est plus scientifique. »

Léo : « Monsieur Max, pourquoi dit-on que c’est Louis Pasteur qui a inventé le vaccin alors ? »

Max : « Jenner a utilisé un virus entier, proche de celui contre lequel il voulait lutter. Pasteur a découvert qu’un virus ‘atténué’ pouvait lutter contre la maladie. »

Samuel : « Un virus atténué ? »

Max : « Oui. C’est une jolie histoire dans laquelle la chance rencontre l’habileté d’un scientifique. Pasteur travaillait sur le choléra des poules. Cette maladie est causée par la bactérie Pasteurella multocida. Après une période d’inactivité dans son laboratoire Pasteur utilisa une souche de ces bactéries qu’il avait laissée à l’air libre. Il se rendit compte que non seulement ces bactéries ne tuaient plus les poules mais qu’en plus elles les rendaient résistantes à l’infection. Après avoir étudié cela, il découvrit que les bactéries Pasteurella multocida n’appréciaient pas d’être exposées au dioxygène de l’air et que cela diminuait leur pouvoir infectieux. Il découvrait ainsi qu’on pouvait atténuer un microbe et l’utiliser comme vaccin. Bel exemple de sérendipité n’est ce pas ? »

Léo : « De sers et dis pitié ? Je comprends pas bien là… »

Max : « 🙂 Sérendipité ! C’est quand une chercheur fait une belle trouvaille car il a su exploiter un événement dû au hasard. Si Pasteur n’avait pas laissé sa culture de bactéries à l’air libre ou s’il l’avait jetée en retournant dans son laboratoire ou s’il n’avait pas cherché pourquoi les poules ne mouraient plus… Les vaccins n’existeraient peut-être pas. »

Samuel : « Ben si ! Puisque Léo les as inventés au début de la séance 🙂 »

Léo : « La sérendipité c’est quand le talent prends le relais de la chance ! »

Max : « Oui Léo. Ai-je répondu à ta question ? »

Léo : « Oui monsieur Max ! J’en ai une autre mais je vais laisser la parole à Samuel avant. »

Samuel : « Merci Léo. Monsieur Max, vous savez que j’apprends bien mes leçons. »

Max : « Oui Samuel, je le sais. »

Samuel : « Nous avons étudié les expériences de Von Behring. Dans ces expériences on injecte le sérum de poules guéries d’une maladie à d’autres poules. Et ces poules n’attrapent pas la maladie. On sait maintenant qu’avec le sérum on injecte les anticorps dirigés contre cette maladie. Pourquoi n’injecte t-on pas du sérum de personnes guéries à des personnes malades ? »

Max : « Mes petits… Je suis tout ému… Léo a inventé la vaccination et toi Samuel tu viens d’inventer la sérothérapie 🙂 Quel plaisir d’avoir des élèves comme vous. »

Léo (à Samuel) : « On est des inventeurs nous 🙂 »

Samuel (à Léo) : « Les scientifiques peuvent prendre leur retraite ! Nous sommes prêts ! »

Max : « N’en faites pas trop quand même 🙂 La sérothérapie… C’est une méthode rapide. Imaginons que vous ne soyez pas vaccinés contre le tétanos et que vous vous piquiez la patte à une épine de rosier. »

Léo : « Aïe ! Ouille ! »

Samuel : « Et on risque le tétanos ! Je veux par mouriiiiiiir ! »

Max : « Ne t’inquiète pas Samuel ! Je t’injecte un sérum contenant des anticorps anti-toxine tétanique ! »

Samuel : « Aïe ! Ouille ! »

Léo : « Oui mais là ça te sauve ! La toxine est neutralisée et le bacille aussi ! Hoplà ! »

Samuel : « Oui mais ça pique ! »

Max : « Et ça va encore piquer ! Parce que maintenant il faut faire le vaccin pour ne pas que cela se reproduise. »

Samuel : « Aïïïeeeuuuhh ! »

Léo : « Moi je m’en fiche ! Mes vaccins sont à jour ! »

Max : « Il faut toujours vérifier que les vaccins sont à jour… La vaccination a fait disparaître de nombreuses maladies. »

Léo : « Monsieur Max, je peux poser mon autre question ? »

Max : « Oui Léo. Nous écrirons la leçon un autre jour. »

Léo : « Pourquoi il n’y a pas de vaccins pour certaines maladies ? Le S.I.D.A. par exemple…Ou la COVID-19. »

Max : « C’est un peu compliqué mais pas trop. Pour faire un vaccin, il faut identifier un antigène et réussir à le reproduire. Quand les scientifiques ont réussi cela, on peut le produire en grande quantité et réaliser un vaccin. Il y a deux écueils à cela. Le premier est simple. Imaginons un virus qui ne fabrique que des molécules qui ressemblent à des molécules humaines. »

Léo : « Zutalor ! Le corps les connaît ! Il ne va pas trouver que ce sont des antigènes et le virus fait ce qu’il veut ! »

Samuel : « Il est comme invisible et on ne peut pas lutter… Pas de vaccin, pas de réaction immunitaire. Et Argh… »

Max : « Je vous trouve un peu dissipés aujourd’hui 🙂 Autre écueil : il arrive que l’information génétique du virus se modifie toute seule et rapidement. On dit que le virus mute. »

Léo : « Ah bah ça c’est pas gentil ! Les antigènes changent tout le temps alors ! »

Max : « Exact Léo. C’est ce que fait le V.I.H. Une personne infectée par un virus que je nommerai A sera rapidement infectée par des virus A mais aussi B puis C et ainsi de suite. »

Samuel : « Pas de vaccin possible dans ce cas… »

Max : « Pas pour le moment… »

Léo : « Monsieur Max, vous n’auriez pas une autre histoire à nous raconter ? »

Max : « Si vous voulez mais nous risquons de déborder sur la récréation. »

Samuel : « Pas grave ! »

Max : « Revenons à la sérendipité alors 🙂 »

Léo : « Quand le talent prend le relais du hasard ! »

Max :  » 🙂 Cette fois nous sommes en 1928 en Angleterre encore une fois, dans le laboratoire d’Alexander Fleming. Ce scientifique est connu pour ne pas être très ordonné. Son laboratoire est un vrai fouillis et lui aussi laisse ses cultures de bactéries traîner sur les paillasses quand il part en vacances. Pour ses recherches il utilise des cultures de staphylocoques. A un retour de vacances, il doit présenter certaines de ses cultures à un collègue. Comme il les as laissées traîner elles sont couvertes de moisissures. Mais au moment de les jeter il se rends compte que les bactéries ne se sont pas développées autour de certaines moisissures. »

Samuel : « Et au lieu de les jeter, il les étudie ! »

Léo : « C’est ça le talent ! »

Max :  » 🙂 Effectivement il étudie et découvre que le champignon Penicillium glaucum produit une substance qui détruit les staphylocoques. Il a nommé cette substance pénicilline. C’est le premier antibiotique découvert. »

Léo : « Si je comprends bien le vaccin et les antibiotiques ont été découverts par hasard. »

Samuel : « Pas par hasard ! Par sérendipité ! La plupart des chercheurs auraient tout jeté ! Le grand Pasteur et le grand Fleming ont exploité des résultats obtenus par hasard et ils ont fait des découvertes très importantes ! »

Léo : « Je crois que je vais laisser ma chambre en désordre moi. »

Samuel : « Pas d’accord ! Nous la partageons cette chambre et je n’aime pas le désordre moi ! »

Max : « Je vais vous laisser vous chamailler en récréation 🙂 »

Samuel : « Nous ne nous chamaillons pas monsieur Max ! »

Léo : « Nous sommes sages nous. »

Max : « Alors soyez sages en récréation ! »

Samuel et Léo : « Au revoir monsieur Max ! »

Max : « Au revoir mes petits. »

Séance suivante

Cet article est dédié aux quelques élèves qui l’ont apprécié. Ils se reconnaîtront.

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