Max : « Nous voici dans un nouveau complément 🙂 «
Léo : « On aime bien les compléments nous 🙂 «
Max : « Tant mieux. Vous me parliez de dérive des continents alors que je vous enseignais la tectonique des plaques. Voyons les différences. La dérive des continents est une intuition géniale d’un scientifique allemand du début du 20ème siècle : Alfred Wegener. C’était un astronome et météorologue. »
Samuel : « Il n’était pas géologue ? »
Max : « Non. Et ce fut un problème. Retournons au début du 20ème siècle. La météorologie n’est pas du tout précise et Wegener se lance dans des explorations du globe afin d’accumuler les observations dans l’espoir de réussir à affiner les modèles de prévisions météorologiques. Et c’est un esprit curieux. Ses observations ne se limitèrent pas à la météo. »
Léo : « Qu’a-t-il observé d’autre ? »
Max : « Des tas de choses. Des fossiles par exemple. Il a remarqué, mais il n’était pas le seul, que les aires de répartition de certains fossiles datés de 260 à 240 millions d’années avant nos jours étaient difficiles à expliquer. »
Samuel : « Quels sont ces fossiles ? »
Max : « Il y a 4 exemples classiques. Commençons par le mésosaure. C’est un ‘reptile’ d’eau douce qui pouvait atteindre un mètre de long. Regardez.
Max : « Ses fossiles s’observent au sud-est de l’Amérique du sud et au sud-ouest de l’Afrique. Le lystrosaure et le cynognathus ont également des aires de répartition assez étranges. »
Lystrosaurus |
Cynognathus |
Max : « Ce sont deux animaux terrestres. Le cynognathus s’observe lui aussi en Amérique du sud et en Afrique du Sud, un peu au nord des sites où ont été retrouvés les fossiles des mésosaures. Le cynognathus se retrouve aux mêmes endroits mais aussi en Inde et en Antarctique. »
Léo : « C’est étrange. Surtout pour des animaux d’eau douce ou terrestres. »
Samuel : « Ils n’ont pas pu traverser l’Atlantique à la nage ! »
Max : « C’est encore plus étrange pour des plantes ! On retrouve des fossiles de glossoptéris un peu partout dans l’hémisphère sud. »
Photographie de feuilles fossilisées de glossopteris
Carte de répartition mondiale de fossiles de 4 espèces
Léo : « Vous avez déjà remarqué que les côtes de l’Afrique et de l’Amérique du sud semblent bien s’emboîter ? «
Samuel : « Ça m’a toujours surpris. »
Léo : « Si on les emboîte les aires de répartitions des fossiles semblent bien plus logiques ! »
Max : « C’est aussi ce que s’est dit Wegener. Regardez ce que ça donne. »
Samuel : « Tous les continents sont emboîtés ! »
Léo : « Ça marche bien… »
Max : « On appelle ce vaste continent ‘Pangée’ ce qui signifie ‘toutes les terres’.
Léo : « Et la Pangée explique d’autres faits ? »
Max : « Oui Léo. Certaines roches qui s’observent de part et d’autres de l’Atlantique par exemple. Voyons ça… »
Max : « Nous voyons qu’une vaste chaîne de montagne érodée se retrouve de part et d’autre de l’Atlantique. Une partie est appelée Appalaches et l’autre Mauritanides. »
Léo : « Ça alors ! Le plus étonnant est qu’une chaîne de montagnes montre qu’il y a eu collision de deux lithosphères continentales. Et là, la divergence a eu lieu dans la chaîne de montagnes ! »
Max : « Oui Léo. C’est le seul cas que je connaisse… »
Samuel : « Il y a autre chose encore ? »
Max : « Des traces de glaciation. Vous savez sûrement que les glaciers se déplacent. S’ils reposent sur des cailloux ou des rochers mobiles, ces rochers avancent eux aussi mais comme ils sont écrasés ils griffent les roches sur lesquelles ils avancent. On parle de stries glaciaires. Wegener en a observé beaucoup dans l’hémisphère sud. Et encore une fois, elles ne s’expliquent qu’en rassemblant les continents actuels en la Pangée. »
Max : « A partir de toutes ces observations Wegener a donc proposé la Pangée et la dérive des continents. Mais il n’a eu aucun succès. »
Léo : « Pourquoi ? »
Max : « Pour deux raisons qui sont évidemment liées. La première est qu’il n’était que météorologue. Une science qui n’était pas vraiment prise au sérieux à l’époque. Les géologues qui se prenaient pour de vrais scientifiques n’ont pas apprécié que ce ne fut pas l’un des leurs qui propose cette intuition. Et puis Wegener ne proposait pas d’explication. Il n’avait pas de théorie. »
Samuel : « Qu’est ce qu’une théorie monsieur Max ? »
Max : « La vérité pour un scientifique 🙂 Une théorie… Je vais vous donner trois des définitions les plus unanimement acceptées actuellement. »
Selon André Lalande (1991), une théorie scientifique est une large synthèse se proposant d’expliquer un grand nombre de faits.
Selon Robert Nadeau (1999) une théorie est un système intellectuel provisoire et révisable, utilisé comme moyen de coordonner, calculer, interpréter, comprendre, expliquer et prédire.
Selon Karl Popper (1902-1994) il s’agit d’un système formé d’énoncés synthétiques universels permettant, à l’aide de conditions initiales appropriées, de fournir une explication causales de faits exprimés par des énoncés singuliers, ou d’en effectuer la prédiction.
Léo : « Je ne comprends pas tout… Une théorie doit expliquer des faits et faire des prédictions. C’est ça ? »
Max : « C’est une version simple mais compréhensible. »
Samuel : « Je vois ! Wegener dit que les continents ont dû se déplacer pour expliquer les observations qu’il a faites. Mais il ne dit pas comment ils bougent. Alors ce n’est pas une théorie. »
Max : « Exact Samuel ! Mais c’est une intuition géniale ! Et c’est pour cela que les autre scientifiques l’ont détesté ! Il a eu cette intuition et, plein d’humilité, il leur a demandé de l’expliquer. »
Samuel : « Et la théorie de la tectonique des plaques, qui l’a inventée ? »
Max : « Il a fallu du monde 🙂 C’est une accumulation de publications qui a mené à cette théorie. Si je devais garder un nom… Je dirais Xavier Le Pichon dans les années 1980. 1986 il me semble. »
Léo : « Il aura fallu 70 ans pour comprendre ! »
Max : « Pour comprendre en partie. Nous ne savons pas tout encore ! Il reste du travail. Je vais reprendre cette théorie en un schéma. Vous êtes prêts ? »
Samuel et Léo : « Oui monsieur Max ! »
Max : « Il y a beaucoup de chaleur au centre de la Terre. Elle provoque des mouvements dans le manteau. On parle de cellules de convection. Ces mouvements se font à l’état solide. Ils sont à l’origine de la divergence des plaques et donc du fonctionnement des dorsales. Au niveau de la dorsale il y a fusion, formation de magma et volcanisme. Mais si de la lithosphère se crée, il faut qu’il en disparaisse. C’est ce qu’il se passe au niveau des fosses. Voilà, vous savez tout. »
Léo : « C’est pas très difficile en fait. »
Samuel : « Ben non. Dites monsieur Max, vous nous avez bien dit que vous ne deviez parler que de la lithosphère et de l’asthénosphère n’est ce pas ? »
Max : « Oui Samuel. »
Samuel : « Mais ce n’est pas possible d’expliquer la théorie de la tectonique des plaques avec si peu d’informations ! On ne peut rien expliquer ! »
Max : « Tu as compris mon problème Samuel. Soit je ne fais que ce qu’il m’est demandé et vous ne pouvez pas comprendre. Soit je vous explique et nous prenons du retard dans le programme. »
Léo : « Vous nous avez expliqué et nous vous en remercions monsieur Max. »
Samuel : « Tant pis si on ne voit pas tout. L’essentiel est de comprendre ce qu’on fait. »
Max : « Merci mes petits. Loin de moi l’idée de vous chasser mais il me semble que la sonnerie a retenti. »
Léo : « Alors on file ! »
Samuel et Léo : « Au revoir monsieur Max ! »
Max : « Au revoir mes petits ! »
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